Pourquoi devenons-nous dépendant d’une autre personne ?

1 novembre 2017

La raison pour laquelle la relation amoureuse romantique est une expérience si intense et si universellement recherchée est la suivante : elle semble libérer les gens d’un sentiment profondément installé de peur, de besoin, de manque et d’incomplétude.
Cet état émotionnel fait partie de la condition humaine dans sa phase non rachetée et non réalisée. Il comporte aussi bien une dimension physique que psychologique.

Sur le plan physique, et de toute évidence, vous n’êtes pas complet et ne le serez jamais.
Sur ce plan-là, l’aspiration à la totalité, à la complétude, c’est-à-dire le retour à l’Un, se manifeste sous la forme de l’attraction sexuelle.

Il existe une pulsion presque irrésistible à s’unir avec l’énergie opposée ou l’autre polarité.

Cette pulsion physique est d’origine spirituelle. C’est l’aspiration à mettre un terme à la dualité, à revenir à l’état de complétude. 

Sur le plan physique, l’union sexuelle est ce qui se rapproche le plus de cet état-là.

Voilà pourquoi celle-ci est l’expérience la plus profondément satisfaisante que le plan physique puisse offrir. Mais l’union sexuelle n’est rien de plus qu’un fugace aperçu de la totalité, qu’un moment d’extase.
Tant et aussi longtemps que vous recherchez inconsciemment dans l’union sexuelle votre porte de salut, vous visez à mettre fin à la dualité sur le plan de la forme, là où justement on ne peut la trouver.
Il vous est donné là un aperçu fugitif et fort alléchant du paradis, mais vous n’avez pas le droit d’y rester et vous vous retrouvez de nouveau dans un corps distinct.

Sur le plan psychologique, ce sentiment de manque et d’incomplétude est certainement encore plus grand que sur le plan physique.

Aussi longtemps que vous êtes identifié au mental, le sens que vous avez de votre moi provient de l’extérieur.
En d’autres termes, vous vous appropriez le sens de ce que vous êtes par le biais de choses qui, en fin de compte, n’ont rien à voir avec ce que vous êtes :
votre rôle social,
vos possessions,
votre apparence physique,
vos réussites et vos échecs,
vos systèmes de croyances, etc.

Ce faux moi, créé par le mental, par l’ego, se sent vulnérable, peu assuré, et cherche sans arrêt de nouvelles choses auxquelles s’identifier afin de donner au mental l’impression d’exister.
Mais jamais rien ne suffit à lui procurer une satisfaction durable. Sa peur perdure. Et son impression de manque et de besoin reste.

Puis cette relation si spéciale se présente. Elle semble être la réponse à tous les problèmes de l’ego et combler tous ses besoins.

Du moins, c’est ainsi que les choses paraissent au début. Toutes les autres choses qui venaient vous procurer le sens que vous aviez de votre moi auparavant deviennent dorénavant relativement insignifiantes.
Un seul objet d’attention remplace alors tout le reste, donne un sens à votre vie et vous permet de définir votre identité : la personne dont vous êtes amoureux.
Vous n’êtes plus ce fragment isolé dans un univers hostile. C’est du moins l’impression que vous avez.

Votre monde a maintenant un centre : la personne aimée

Le fait que ce centre soit à l’extérieur de vous et que, par conséquent, vous définissiez encore votre identité en fonction de quelque chose d’extérieur à vous, semble tout d’abord ne pas avoir d’importance. Ce qui compte, c’est que les sentiments sous-jacents d’incomplétude, de peur, de manque et d’insatisfaction si caractéristiques de l’ego soient disparus.
Le sont-ils vraiment ? Se sont-ils dissipés ou existent-ils encore sous la surface de ce prétendu bonheur ?

Si, dans vos relations, vous connaissez aussi bien l’amour que son opposé, c’est-à-dire l’hostilité, la violence émotionnelle, etc., il est alors fort probable que vous confondiez amour et attachement de l’ego, amour et dépendance affective.
Il est impossible que vous aimiez votre partenaire à un moment et l’agressiez l’instant d’après.

L’amour vrai n’a pas d’ennemi.

Si votre « amour » en a un, c’est que ce n’est pas de l’amour mais plutôt un grand besoin de l’ego de se sentir plus complètement et plus profondément soi. Et ce besoin est temporairement comblé par l’autre.

Pour l’ego, il s’agit d’un succédané de salut, et pendant un certain temps, cela donne presque effectivement l’impression qu’il s’agit de cela.
Mais vient un moment où votre partenaire adopte des comportements qui ne réussissent pas à combler vos besoins, ou du moins ceux de votre ego.

Les sentiments de peur, de souffrance et de manque qui font intrinsèquement partie de l’ego, mais qui étaient passés à l’arrière-plan grâce à la relation amoureuse, font de nouveau surface.

Comme avec toutes les autres dépendances, vous êtes au septième ciel quand vous avez de la drogue, mais vient invariablement le moment où celle-ci n’a plus d’effet sur vous.

Quand ces émotions souffrantes refont surface, vous les sentez donc avec encore plus d’acuité qu’avant. Qui plus est, vous percevez maintenant votre partenaire comme étant à leur origine.
Cela veut dire que vous les projetez à l’extérieur et que vous agressez l’autre avec toute la violence sauvage que votre douleur contient.
Cette agressivité peut éveiller la souffrance de votre partenaire, qui contre-attaquera. Rendu à ce point-là, l’ego espère encore inconsciemment que son agressivité ou ses tentatives à vouloir manipuler constitueront une punition suffisante qui amènera l’autre à changer de comportement.

Ceci lui permettra de se servir à nouveau de ces comportements pour occulter votre souffrance.

Toute dépendance naît d’un refus inconscient à faire face à votre propre souffrance et à la vivre.

Celle-ci commence et finit dans la souffrance. Quelle que soit la substance à laquelle vous êtes accroché – l’alcool, la nourriture, les drogues légales ou illégales, ou bien une personne -, vous vous servez de quelque chose ou de quelqu’un pour dissimuler votre douleur.
C’est pour cette raison qu’après l’euphorie initiale il y a tellement de tourments et de souffrance dans les relations intimes. Mais ces dernières n’en sont pourtant pas la cause. Elles font simplement ressortir la souffrance et le tourment qui se trouvent déjà en vous.

Toutes les dépendances agissent ainsi. Toutes les dépendances atteignent un point où elles n’ont plus d’effet sur vous, vous ressentez alors la souffrance plus intensément que jamais.

D’ailleurs, la plupart des gens essaient toujours d’échapper au présent et cherchent le salut dans le futur, quel qu’il soit.

La première chose sur laquelle ils pourraient buter s’ils concentraient leur attention sur le moment présent, c’est leur propre souffrance. Et c’est justement ce dont ils ont peur.
Si seulement ils savaient combien il est facile de trouver dans le présent le pouvoir qui dissipe le passé et la souffrance, la réalité qui met un terme à l’illusion.
Si seulement ils savaient à quel point ils sont près de leur propre réalité.

La réponse n’est pas non plus d’éviter les relations afin d’éviter la souffrance.

Celle-ci est là de toute façon. Trois relations qui n’ont pas fonctionné en autant d’années vous amèneront fort probablement plus à vous réveiller que trois années sur une île déserte ou reclus dans votre chambre.
Par contre, si vous réussissiez à être intensément présent à votre solitude, cette solution fonctionnerait peut-être pour vous.

 

Ceci est un extrait du très bon livre dont je vous ai déjà parlé « Le pouvoir du moment présent » d’Eckart Tolle

  • porno
    31 janvier 2017 at 10 h 12 min

    J’aime vraiment l’approche de votre contribution. Félicitations pour votre travail.

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