23 avril 2020
Il y a tout pile 20 ans, j’embrassais pour la première fois un garçon. J’avais (déjà) 14 ans et ça faisait quelques années que mon grand frère et ma grande soeur se moquaient régulièrement de moi parce que je n’étais toujours pas sortie avec un garçon.
Alors que eux à l’âge de 11/12 ans avaient déjà roulé leur première pelle moi j’en étais encore dans ma phase pré-ado;
dans mon monde plutôt solitaire à des années lumières d’avoir envie d’être avec un garçon mais plutôt de rester avec mon carnet dans ma chambre ou au bord de l’eau.
Mais voilà à ces âges-là et pour être tranquille, je me mettais la pression et me disais que j’avais sûrement un problème de n’en n’avoir pas l’envie.
Alors j’essayais de provoquer les occasions. J’ai inventé des histoires pour qu’ils me laissent tranquille.
Comme je leur disais que c’était arrivé pendant mon camps pour ados, ils ne me croyaient pas vraiment.
Je suis allée très tôt en boite.
C’était l’été de mes 14 ans.
Mince voir maigre à peine formée quand j’y repense je n’avais pas grand chose à faire là-bas. Mais j’étais contente d’y aller surtout pour danser.
Souvenir étrange, malgré mon très jeune âge je recevais des sollicitations d’hommes beaucoup plus âgés. Un des premiers à m’avoir invité à danser les slows (oui il y avait encore des slows en boite il y a 20 ans) s’appelait Julien et il avait 17 ans.
Une chanson, 2 chansons, je ne me souviens plus très bien mais on s’est assez (trop) vite embrassé.
C’était vraiment pas terrible, je le faisais machinalement. Je savais juste qu’il fallait tourner la langue.
Soulagée d’avoir enfin embrassé un garçon pour de vrai devant ma soeur qui était là, je me disais naïvement que j’allais être enfin tranquille.
A la fin des slows, je me suis retrouvée sur une banquette de la boite assise à côté de lui.
Je me souviens qu’il avait posé maladroitement sa main sur ma hanche saillante que l’on pouvait apercevoir à travers le jean. Et qu’il m’avait dit « C’est quoi que je sens, tes clés ? »
Moi : « heu non c’est juste l’os de mes hanches »
Je me rappelle aussi qu’il m’avait dit rapidement « je t’aime » genre dans la soirée. Par automatisme et parce que je ne savais pas trop les us et coutume, je crois que j’ai du lui sortir un « moi aussi » également.
Le lendemain, il voulait venir me voir chez moi.
J’avais dit oui sans en avoir tellement envie, je m’étais dit « surement que ça se passe comme ça ».
Je me rappelle avoir très peu dormi (retour de boite tardif). Anxieuse avec un mal de ventre à l’idée de le revoir, je n’en avais pas envie.
Il habitait à 20min de chez moi. Ses parents sont venus le déposer avec ses frères et soeurs dans la voiture.
Pour me dire bonjour, avec surprise il m’a chopé à pleine bouche devant toute sa famille. Je me rappelle d’un extrême sentiment de malaise.
Voulait-il lui aussi prouver quelques chose à sa famille ?
On a marché un peu, et au bout de même pas 20 minutes je me rappelle avoir eu assez naturellement la force de lui dire (du haut de mes 14 ans) « En fait je suis désolée mais c’est fini, je n’ai pas de sentiment »
Je me rappelle qu’il m’ait dit « Mais tu m’as dit que tu m’aimais aussi hier ? » Quand on y repense toute cette histoire n’avait pas énormément de sens.
Pourquoi raconter ce premier baiser ?
Parce qu’ils sont nombreux à chercher « Je ne suis jamais sortie avec un garçon » quand d’autres couchent directement et trop vite.
Parce que je sais à quel point ces étapes de la vie comptent énormément et qu’on ne les oublie jamais ou presque, qu’elles soient bonnes ou mauvaises.
Parce que je suis contente d’avoir foiré mon premier baiser car c’est ce qui m’a permis de vivre quelques années après une vraie première fois avec un homme que j’aimais, qui m’aimait et me respectait.
Parce que celle là de première fois, je m’étais promis de ne pas la gâcher.
Parce qu’en y repensant j’aurais aimé à l’époque qu’une cousine, une voisine, une copine me dise et insiste. « T’as bien le temps pour ces choses là. Je te promets que ça viendra. »
Aujourd’hui je peux le dire haut et fort et pourtant je ne suis pas encore une maman qui voudrait faire la moral.
Qu’il est mieux d’embrasser un garçon qui le mérite. Faire son premier baiser ce n’est pas juste une formalité. Et si ça doit arriver à 16 ans, il y a aucune date de prescription et sinon on se rattrape sur la vraie première fois, on gâche pas tout.
A lire dans le même sujet le livre : Lettres à l’ado que j’ai été dans lequel des personnalités (beaucoup de youtubeurs) écrivent à l’ado qu’ils étaient.