7 mai 2019
Une enquête menée en France par le Centre d’études et de recherche sur les qualifications (CÉREQ) révèle que le fait d’avoir des enfants nuit à la carrière des jeunes femmes, alors que cela n’a aucun impact sur leur compagnon.
Plus de 16 000 des 742 000 jeunes qui ont terminé leur formation initiale en 1998 sont depuis suivis par le CEREQ.
Les constats qu’ils viennent de publier sur leurs débuts de carrière (données recueillies en 2005) sont sans doute très représentatifs de ce que vit l’ensemble des jeunes adultes en France.
Les mentalités ont beau avoir évolué, dans la pratique les jeunes femmes ont nettement assimilé, sans doute depuis qu’elles sont toutes petites, que les tâches domestiques leur sont destinées.
« Dès les premières années de vie active, écrit le CÉREQ, les priorités professionnelles des jeunes femmes sont […] fortement liées à leurs charges familiales. »
Il y a tout de même une différence liée au niveau de scolarité des jeunes femmes.
Plus elles sont scolarisées, moins l’impact sur leur carrière se fait sentir.
En revanche, moins elles sont scolarisées, et de ce fait occupent des emplois moins rémunérés, plus elles ont tendance à faire le sacrifice de leur carrière dès qu’elles deviennent mères de famille.
Du côté des hommes, le fait d’être père de famille n’a aucune incidence sur leur carrière, peu importe leur niveau de scolarité ou leur revenu.
L’enquête révèle aussi que « les charges domestiques reviennent toujours principalement aux jeunes femmes. » L’implication dans les tâches domestiques a été vérifiée en posant trois questions aux jeunes vivant en couple :
- Qui passe le plus souvent l’aspirateur chez vous ?
- Qui prépare le repas du soir le plus souvent quand vous êtes ensemble chez vous ?
- Qui fait les courses le plus souvent ?
Les réponses possibles étaient : « Vous », « Votre conjoint », « Les deux indifféremment » ou « Quelqu’un d’autre ». Les jeunes qui répondaient le plus souvent eux-mêmes étaient considérés comme effectuant l’essentiel des tâches domestiques.
La carrière devient secondaire quand les jeunes femmes deviennent mères.
Plus elles ont d’enfants, plus elles souhaitent en priorité ménager leur vie hors travail, ce qui n’est pas le cas des jeunes pères.
Cela explique sans doute qu’une grande proportion des jeunes mères font le sacrifice du travail à temps plein pour pouvoir se consacrer au rôle que la société leur attribue.
Une enquête de l’INSEE (Institut National de la Statistique et des Études Économiques) menée en 1999 avait révélé que dans le couple : les femmes « effectuaient 80 % du « noyau dur » du travail domestique, à savoir la cuisine et la vaisselle, le ménage, l’entretien du linge, les courses courantes et les soins matériels aux enfants et personnes à charges. »
En 1998, 37 % des femmes, contre à peine 3 % des hommes, fesaient l’essentiel des 3 tâches suivantes :
- passer l’aspirateur
- préparer le repas du soir
- faire les courses
Alors que plus de 20 % des hommes contre seulement 1 % des femmes ne réalisent aucune de ces tâches.
Le CÉREQ a aussi constaté que la spécialisation vers des rôles conjugaux traditionnels s’accentue à mesure que le nombre d’enfants augmente.
La venue d’un enfant a peu d’impact sur l’implication des hommes dans les tâches domestiques, pire même, plus le nombre d’enfants augmente, moins ils s’impliquent dans les tâches domestiques.
Pendant ce temps, les jeunes mères doivent assurer la part principale des nouvelles charges liées aux enfants.
Même dans les couples plus scolarisés, les hommes ne participent pas davantage aux travaux domestiques quand s’ajoutent des enfants.
Le couple a alors plutôt recours à une aide extérieure.
Selon les termes soigneusement pesés du CÉREQ, « les jeunes pères et mères ne valorisent pas leur capital scolaire de la même façon que leurs homologues en couple sans enfant » ;